Après près de cinq ans (4 ans et 10 mois pour être exacte), j'ai enfin quitté mon emploi chez Telus afin de partir à Sept-Îles pour mon dernier stage.
Contrairement à la dernière fois où j'étais supposée partir et où j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps tout au long de ma dernière journée, je n'ai ressenti aucune peine. Pas de pleurs, tout au plus une boule dans la gorge. Pour moi, ça, c'est un exploit. Je suis tellement sensible que j'ai pleuré à la fin de tous mes stages, qu'ils soient courts ou longs.
Je pense que cela signifie qu'il était vraiment temps que je quitte Telus et que je passe à autre chose. Tous les clients m'énervaient, parce que je savais par coeur ce qu'ils allaient me dire ou me demander juste d'après le ton de leurs premiers mots. Dire qu'avant de travailler là, j'étais la personne la personne la plus patiente au monde !
C'était devenu une routine terrible, moi qui pourtant aime bien la routine. De plus, tout avait changé : je n'avais plus le nombre de jours que je voulais travailler, je ne travaillais plus dans le même bureau, mes amis étaient presque tous partis... Bref, il n'y avait plus grand chose pour me retenir là, si ce n'est la sécurité d'avoir un chèque de paie à toutes les deux semaines.
Maintenant, j'angoisse, parce que je sais que je n'aurai pas un chèque de paie pour un minimum de cinq mois, mais au moins je relaxe à la maison et je me prépare tranquillement à quitter Rimouski. Je vois mes amis, je prépare mes boîtes et je prépare des activités de conscience phonologique pour bien débuter mon stage. Le stress de devoir me lever très tôt presque tous les matins pour endurer (c'est bien le mot) 700 clients me racontant la même chose est parti. Et ça fait du bien. Une fois la boule dans la gorge partie et embarquée dans ma voiture, j'avais presque le goût de chanter.
En fait, si ce n'était pas de mon tout dernier appel, mon bonheur serait complet...
Depuis tout le temps que je travaillais au centre d'appel, je me demandais avec curiosité quel serait mon dernier appel... Comme plusieurs, je m'imaginais envoyer au diable mon dernier client, sans vraiment croire que je le ferais. Quand même, dire le fond de sa pensée à son tout dernier client, alors que l'on a plus rien à craindre, c'est quand même tentant...
Mais même si je l'avais voulu, je n'aurais pas pu... Mon dernier appel a été celui d'une femme en deuil me demandant le numéro... d'un salon funéraire. Plutôt glauque comme dernier appel ! Étant tout de même superstitieuse, je me suis demandé avec angoisse si cela n'était pas un signe annonciateur d'un avenir noir. Au moins, le salon funéraire n'était pas à Sept-Îles.
Maintenant, je me dis que cela voulait peut-être dire que ma carrière chez Telus est bel et bien terminée, morte et enterrée ! J'aime mieux cette supposition.
De toute façon, le passé est le passé, et maintenant je peux me tourner vers l'avenir. Un avenir angoissant mais combien prometteur !