En plus de vous parler de mon expérience générale de stage lors de mon stage 3, j'avais aussi envie de vous présenter les élèves de la classe qui m'ont tous marqué à leur manière et qui m'ont aussi énormément appris.
Par leurs difficultés de nature complètement différente de même que par leurs différences de maturité et de niveau de scolaire, ils m'ont amené à me dépasser et à user de toute mon imaginer pour arriver à trouver des activités qu'ils pourraient tous faire ensemble et qui en même temps permettraient de développer les compétences prescrits par le programme de formation de l'école québécoise.
Commençons par les garçons, qui n'étaient que deux dans la classe.
Le premier, que j'appelerai S.M., était un grand garçon de douze ans au physique d'un garçon de son âge et au développement intellectuel beaucoup moins avancé. Il a reçu le diagnostic de déficience intellectuel, qui prime celui de dyslexie. Cependant, même s'il n'en a pas reçu le diagnostic, c'est avec sa dyslexie beaucoup plus qu'avec sa déficience intellectuelle qu'il fallait composer au quotidien. À douze ans, S.M. avait toujours le niveau de lecture d'un élève faible de première année. Je suis convaincue qu'il pourrait être rendu beaucoup plus loin en lecture aujourd'hui s'il avait eu le soutien de sa famille qui le néglige énormément. Cela me crevait le coeur de toujours le voir sale, sans collection et le ventre creux. À son âge, on a besoin de manger (et beaucoup à part de cela) pour arriver à se concentrer à l'école !
Le deuxième garçon est S.T. Il était dans la classe de mon enseignante associée et de son éducatrice depuis six ans et ne lisait toujours pas. S.T. a aussi reçu le diagnostic de déficience intellectuelle moyenne. Il a onze ans mais en paraît six ou sept seulement Il est mignon comme tout, mais grognon. Il a depuis longtemps perdu tout intérêt pour l'école, car il comprend très bien que ce que l'on s'acharne à lui enseigner est au-dessus de ses capacités. S.T. a quitté la classe avant la fin de mon stage quand il a déménagé avec sa mère. Nous avons fait la découverte qu'il y avait des problèmes de violence dans sa famille.
Maintenant, je vais vous parler des quatre filles du groupe.
R.A. est une autre fille dont la vie a été parsemée de difficultés. Elle a eu la malchance de naître dans la rue. Peu après sa naissance, elle a eu la méningite qui l'a presque laissée dans l'état d'un légume. Elle ne pouvait plus marcher, elle a perdu une grande partie de sa vision périphérique et souffre maintenant de déficience intellectuelle. Comme ses parents ne pouvaient s'occuper d'elle, elle a été adoptée par une famille qui s'occupe très bien d'elle. Ils lui ont fait faire des séances de physiothérapie qui lui ont sauvé la vie. Aujourd'hui, R.A. peut marcher et même courir presque normalement. Toutefois, sa famille vit toujours comme au XIXe siècle. Elle vit dans la plus grande pauvreté et ses connaissances en matière d'informatique et de télévision frôlent zéro. Cela fait d'elle la risée des élèves, d'autant plus qu'elle ferait n'importe quoi pour se faire des amis. R.A. a un coeur d'or. Elle veut aider tout le monde, dans n'importe quelle circonstances, même lorsque ce n'est pas approprié. Par conséquent, elle se trouve à se mêler de ce qui ne la regarde pas, notamment en faisant la discipline quand l'enseignant laisse passer certaines choses. Cela lui met malheureusement aussi les enseignants à dos, ce qui est vraiment dommage car cette fille a vraiment de bonnes intentions.
R. est l'une des rares personnes de la classe d'avoir la chance d'être né dans une bonne famille. Ses deux parents sont toujours ensemble et s'occupent magnifiquement bien d'elle et de son frère. De plus, contrairement à la majorité des parents, les siens ont des attentes réalistes à l'égard de ce que peut accomplir leur fille. R. a également reçu le diagnostique de déficience intellectuelle, mais comme pour S.M., c'est une autre problématique qui domine. Même si elle n'en a pas reçu le diagnostic parce qu'il est englobé par celui de d.i, R. souffre définitivement de dysphasie et de dyspraxie, ce qui rend son langage pratiquement incompréhensible pour celui qui ne la connaît pas bien. À huit ans, elle ne lit toujours pas, mais elle surprend souvent par ce qu'elle peut accomplir. C'est une petite fille extrêmement affectueuse et enjouée. C'était un véritable bonheur que de la côtoyer au quotidien !
M., quant à elle, est autiste. Elle a de terribles de beaux yeux qui captivent tout le monde et qui leur fait oublier qu'il faut demeurer ferme pour obtenir des résultats avec elle. M. est le cas d'autisme le plus impressionnant que j'ai côtoyé, plus que tous ceux qui se trouvaient dans la classe de mon premier stage. Elle présente presque toutes les caractéristiques de l'autisme et de façon très développée. Elle fait énormément d'écholalie, ses sujets de préférence étant la Guerre des clans et les avis de décès à la radio. M. adore chanter, et elle a beaucoup de talent pour ses huit ans. Elle adore aller dans le snoezelen. Comme travailler avec elle demande une très grande connaissance de l'autisme, elle est toujours accompagnée d'une éducatrice. C'est pourquoi je n'ai que très peu travaillé avec elle au cours de mon stage. Je peux toutefois vous dire qu'elle me surprenait à tous les jours, souvent en positif mais aussi souvent par son petit caractère !
Finalement C. C. est un véritable rayon de soleil, celle qui pourrait en apprendre à tout le monde en ce qui concerne l'optimisme et la bonne volonté. C. est un cas lourd de paralysie cérébrale. À huit ans seulement, elle est déjà depuis longtemps en chaise roulante et ne contrôle que très peu les mouvements de ses mains. Elle n'a pas non plus de contrôle sur la production de sa salive et ne peut pas parler. Elle a aussi une déficience intellectuelle, bien que non diagnostiquée parce que ses parents refusent de la faire évaluer. L'ensemble de ces caractéristiques fait en sorte que de nombreuses adaptations doivent être apportées afin qu'elle fasse des apprentissages. Malgré les efforts acharnés de son éducatrice et de mon enseignante, ses progrès ne sont pas constants. Ce qu'elle paraît savoir un jour est complètement oublié le lendemain ou effacé par les nouvelles connaissances qui s'ajoutent. À cause de cela, elle n'arrive ni à lire, ni à compter. Toutefois, C. ne lâche jamais et attaque chaque tâche avec bonne humeur et volonté. Elle sourit toujours et ricane au moindre clin d'oeil qu'on lui fait. En deux mois à la côtoyer, je ne l'ai jamais vue triste ou fâchée. Quand je trouverai ma vie difficile à l'avenir, je me rappelerai toujours d'elle comme d'un exemple à suivre.
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